Les combats se poursuivent en Russie, dans la région frontalière de Koursk, samedi, pour le cinquième jour consécutif après l'incursion ukrainienne. "Les actions de l'armée ukrainienne constituent une menace directe" pour la centrale nucléaire de Koursk, alerte l'agence nucléaire russe. Plus de 76 000 personnes vivant dans la région ont été évacuées.
FRANCE 24
Les combats se poursuivent entre armées russe et ukrainienne, samedi 10 août, pour un cinquième jour consécutif, en Russie, dans la région frontalière de Koursk, où l'incursion ukrainienne fait courir des risques à une centrale nucléaire locale, selon l'agence nucléaire russe.
Plus de 76 000 personnes vivant dans la région de Koursk ont été évacuées vers "des lieux sûrs", a indiqué samedi Artiom Charov, un représentant du ministère russe des Situations d'urgence, cité par l'agence TASS lors d'une conférence de presse.
"Les actions de l'armée ukrainienne constituent une menace directe" pour la centrale nucléaire de Koursk, a indiqué Rosatom dans un communiqué cité par les agences de presse nationales russes. "En ce moment, il y a un réel danger de frappes et de provocations de la part de l'armée ukrainienne", ajoute le texte.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, avait déjà appelé dans un communiqué à "une retenue maximale afin d'éviter un accident nucléaire". La mission russe dit avoir informé l'AIEA que "des fragments et des restes, vraisemblablement des morceaux de roquettes interceptées", ont été retrouvés jeudi sur le site de la centrale.
L'armée russe, elle, "continue de repousser la tentative d'incursion frontalière des forces armées ukrainiennes", a déclaré le ministère de la Défense russe, précisant qu'elle avait recours à l'aviation et à l'artillerie pour frapper les troupes et les équipements militaires ukrainiens sur le territoire russe.
Le ministère a également publié des images montrant des équipages de chars tirant sur des positions ukrainiennes dans la région de Koursk, ainsi qu'une frappe aérienne nocturne. Il avait assuré, vendredi, avoir déployé des unités supplémentaires dans la région frontalière.
Samedi, Volodymyr Zelensky a affirmé que Kiev cherchait à "déplacer la guerre" en Russie.
"Aujourd'hui, à plusieurs reprises, le commandant Syrsky (chef des forces armées, NDLR) a fait des rapports sur le front, nos actions et sur le déplacement de la guerre sur le territoire de l'agresseur (...). L'Ukraine prouve qu'elle peut rendre justice et fournir la pression nécessaire : la pression sur l'agresseur", a déclaré le dirigeant ukrainien dans son allocution quotidienne.
"La guerre est arrivée chez nous"
L'offensive ukrainienne a commencé mardi matin lorsque des unités de l'armée de Kiev ont traversé la frontière et pénétré dans la région de Koursk, progressant de plusieurs dizaines de kilomètres, selon des analystes indépendants.
"La guerre est arrivée chez nous", disait vendredi après-midi une femme allée accueillir des proches dans une gare moscovite où arrivaient des trains transportant des évacués, a constaté une journaliste de l'AFP sur place.
Au moins 3 000 civils ont été évacués des zones frontalières russes, et des trains supplémentaires vers la capitale Moscou ont été mis en place pour les personnes cherchant à fuir. Selon les autorités russes, il y a eu cinq morts et 55 blessés parmi les civils.
Face à cette "tentative sans précédent de déstabiliser la situation dans un certain nombre de régions", les autorités russes ont en outre annoncé dans la nuit de vendredi à samedi l'instauration du régime de lutte antiterroriste dans les régions de Koursk, Belgorod et Briansk, prévoyant notamment des "restrictions de circulation pour les véhicules et les piétons sur les rues, les routes" et des restrictions d'utilisation des moyens de communication.
Le ministère de la Défense a confirmé que les soldats de Kiev avaient atteint Soudja, une cité russe de 5 500 habitants à une dizaine de kilomètres de la frontière et où se trouve un nœud de transit pour le gaz fournissant toujours l'Europe -Hongrie, Slovaquie - via l'Ukraine.
Revers inattendu
Plusieurs médias russes ont diffusé une vidéo, non vérifiée, dans laquelle des gens, se présentant comme des habitants de Soudja, appellent à l'aide le président Vladimir Poutine.
La progression et les effectifs des forces ukrainiennes qui participent à l'incursion ne sont pas connus, les dirigeants ukrainiens s'abstenant pour l'instant de tout commentaire.
"Tout le monde peut constater que l'armée ukrainienne sait surprendre et sait comment obtenir des résultats", a toutefois noté, jeudi soir, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sans mentionner directement cette incursion. Aucun commentaire non plus des États-Unis, principal pourvoyeur d'aide à Kiev.
Cette opération sans précédent est un revers inattendu pour les Russes, qui jusque-là avaient l'initiative et gagnaient inexorablement du terrain dans l'est ukrainien face aux soldats de Kiev, moins nombreux.
Le tableau de cette incursion dressé par des experts militaires montre une progression rapide des formations ukrainiennes, alors que, dans d'autres parties du front, le conflit s'est transformé en guerre d'usure depuis fin 2022.
Les soldats russes, plus nombreux et mieux équipés, grignotent ces dernières semaines du terrain dans la région de Donetsk et pourraient conquérir des villes importantes si cette tendance se poursuivait, estiment des analystes.
La cité industrielle de Kostiantynivka, située à peu près à 13 kilomètres du front dans cette même région, a été endeuillée, vendredi, par une frappe en pleine journée sur un supermarché qui a fait au moins 14 morts et 43 blessés, selon le parquet.
Le ministère russe de la Défense a par ailleurs affirmé, samedi, avoir abattu 26 drones ukrainiens qui ont tenté d'attaquer la région dans la nuit.
Radio Télé Vitamine