Israël a promis mercredi d’éliminer le nouveau chef du Hamas, Yahya Sinouar, au moment où la guerre dans la bande de Gaza avec le mouvement palestinien est entrée dans son onzième mois et menace de s’étendre à travers le Moyen-Orient.
Agence France-Presse
Yahya Sinouar a été désigné mardi soir chef du mouvement islamiste pour remplacer Ismaïl Haniyeh, dont l’assassinat le 31 juillet à Téhéran a été imputé à Israël par l’Iran qui a promis des représailles.
Israël accuse ce militant radical jusqu’alors dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza d’être l’un des cerveaux de l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre.
Traqué par Israël, Yahya Sinouar, dont le mouvement est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, n’est pas apparu en public depuis le 7 octobre.
« Nous allons multiplier les efforts pour le retrouver, l’attaquer », a déclaré mercredi le chef de l’armée israélienne, Herzi Halevi.
Alors que toutes les tentatives de médiation ont échoué, la guerre, qui a fait près de 40 000 morts, selon le Hamas, dans le petit territoire palestinien assiégé, a ravivé les tensions au Moyen-Orient, entre d’une part l’Iran et ses alliés, dont le Hezbollah libanais, et Israël de l’autre.
Ces tensions ont redoublé après l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh et celui de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, allié du Hamas, mort le 30 juillet dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
« Obligés de riposter »
Le Hezbollah et l’Iran sont « obligés de riposter » à ces deux assassinats, a affirmé mardi le chef du mouvement armé libanais, Hassan Nasrallah. Le Hezbollah ripostera « quelles qu’en soient les conséquences », a-t-il averti.
Lors d’une réunion mercredi en Arabie saoudite, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a accusé Israël d’être « entièrement responsable » de l’assassinat de Haniyeh.
Son président en exercice, le Gambien Mamadou Tangara, a par ailleurs dénoncé un acte « ignoble » qui risque de faire basculer le Moyen-Orient dans un « conflit plus vaste ».
Face aux risques d’une extension de la guerre, la communauté internationale est engagée dans une course contre la montre pour trouver des voies d’apaisement et relancer les négociations en vue d’un cessez-le-feu associé à la libération des otages retenus à Gaza.
Les contacts diplomatiques se multiplient notamment entre les pays médiateurs, États-Unis, Qatar et Égypte.
« Nous pensons que l’on n’a jamais été aussi proche » d’un accord, a affirmé mercredi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la présidence américaine, John Kirby.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dont le pays est le principal allié d’Israël, a demandé la veille à l’Iran et à Israël d’éviter une « escalade » militaire.
Le président français Emmanuel Macron a aussi exhorté Téhéran à « sortir de la logique de représailles », estimant qu’une nouvelle escalade « n’aurait d’intérêt pour personne ».
Le président iranien Massoud Pezeshkian a lui demandé aux pays occidentaux de cesser de soutenir Israël pour « éviter » une guerre régionale.
Après dix mois de guerre, l’armée israélienne poursuit son offensive terrestre et aérienne contre le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, notamment dans des zones dont elle avait affirmé avoir pris le contrôle, mais où les combats ont repris.
L’armée a annoncé mercredi poursuivre ses opérations dans le centre du territoire et avoir « éliminé de nombreux terroristes ».
L’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.
« Déterminés à nous défendre »
En représailles, Israël a lancé dans la bande de Gaza une offensive qui a fait jusqu’à présent 39 677 morts, dont au moins 24 en 24 heures, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
L’offensive a plongé le territoire palestinien dans une situation humanitaire catastrophique, l’immense majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza ayant été déplacés.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi qu’elle allait y envoyer plus d’un million de vaccins contre la polio, alors qu’une souche du virus a été détectée dans des échantillons d’eaux usées.
En attendant la riposte promise par l’Iran et ses alliés, Israël est sur le qui-vive depuis près d’une semaine.
« Nous […] sommes déterminés à nous défendre », a déclaré mercredi le premier ministre Benyamin Nétanyahou lors d’une visite à la base militaire de Tel Hashomer, près de Tel-Aviv.
L’Égypte a annoncé mercredi avoir demandé aux transporteurs égyptiens de ne pas entrer dans l’espace aérien iranien jeudi matin en raison d’« exercices militaires » prévus en Iran.
Les craintes d’un embrasement sont très vives aussi au Liban, où des avions militaires israéliens ont une nouvelle fois mercredi franchi le mur du son au-dessus de Beyrouth.
Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah, très puissant au Liban, échange presque quotidiennement des tirs avec l’armée israélienne le long de la frontière.
Une source de sécurité libanaise a fait état de deux morts, dont un civil et un membre du Hezbollah, dans une frappe israélienne dans la région de Jouaiyya, dans le sud du Liban. Dans un communiqué, l’armée israélienne a dit avoir éliminé un « terroriste » dans ce secteur.
Le Hezbollah a dit avoir lancé des roquettes en riposte sur le nord d’Israël. Dans ce contexte, plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays et des compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec la capitale libanaise.
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