La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, et le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, passent leur première journée complète en tant que colistiers, mercredi, pour rallier les démocrates à travers le Midwest.
Associated Press
Cette région politiquement divisée est cruciale pour leurs efforts visant à remporter l’élection dans moins de trois mois. Et ils ont eu une idée de l’importance de cette région clé, mercredi, lorsqu’ils ont croisé sur un tarmac du Wisconsin le candidat républicain à la vice-présidence, JD Vance.
Pendant ce temps, la campagne Harris a déclaré mercredi avoir recueilli 36 millions dans les 24 heures suivant l’annonce de la nomination de M. Walz.
Mme Harris a fait campagne mercredi sur le thème de « la liberté ». Particulièrement énergique lors de l’évènement en plein air à Eau Claire, elle a appelé à « la liberté d’aimer qui vous voulez, ouvertement et avec fierté ».
Mais plus particulièrement, et sous les acclamations de la foule, elle a lancé : « Liberté d’une femme de prendre des décisions concernant son propre corps ! ».
Elle a par ailleurs demandé à des partisans de cesser de crier « enfermez-le » à propos de Donald Trump, un mantra que les foules du républicain s’étaient approprié lors de la campagne de 2016, en référence à la démocrate Hillary Clinton. Mme Harris a qualifié son tandem avec M. Walz de « guerriers joyeux ».
Cette étape de campagne, qui commençait au Wisconsin avant de se poursuivre au Michigan, vise à renforcer le soutien des électeurs plus jeunes, diversifiés et favorables aux travailleurs, qui ont joué un rôle déterminant dans la victoire du président Joe Biden aux élections de 2020.
Mais cette coalition a montré des signes d’effritement au cours de l’été, en particulier au Michigan, qui est devenu le point central des divisions démocrates sur la gestion par M. Biden du conflit israélo-palestinien.
Alors que M. Biden est désormais hors de la course et que Mme Harris est officiellement candidate démocrate, les leaders de la communauté arabo-américaine et les principaux syndicats se disent encouragés par le choix du colistier.
La nomination de M. Walz a apaisé certaines tensions, signalant à certains dirigeants communautaires que Mme Harris avait entendu les inquiétudes concernant un autre candidat majeur à la vice-présidence, le gouverneur de la Pennsylvanie, Josh Shapiro, qui, selon eux, était allé trop loin dans son soutien à Israël.
« Le parti reconnaît qu’il existe une coalition qu’il doit reconstruire, a déclaré Abdullah Hammoud, maire de Dearborn, au Michigan. Choisir Walz constitue un autre signe de bonne foi. »
La sénatrice du Wisconsin Tammy Baldwin, une démocrate qui aspire à un troisième mandat, était apparue avec Mme Harris lors d’un arrêt de campagne le mois dernier dans la banlieue de Milwaukee.
Elle a écrit dans un courriel de collecte de fonds mardi matin qu’elle était « ravie de voir un compatriote du Midwest au sommet du ticket démocrate ».
Donald Trump avait mis un accent similaire sur l’attrait des électeurs des États du Midwest en choisissant le sénateur de l’Ohio J.D. Vance comme éventuel vice-président. M. Vance prévoyait des apparitions mercredi dans les mêmes États visités par Mme Harris et M. Walz.
« Gauche radicale et folle »
Le républicain a commencé sa journée à Shelby Township, au Michigan, puis prévoyait de se rendre à Eau Claire, dans le Wisconsin, la même ville où les candidats démocrates devaient se présenter quelques heures plus tard, avant de se rendre au Michigan.
M. Vance a profité de sa visite au Michigan pour blâmer Mme Harris pour l’immigration illégale qui, selon lui, conduit à davantage de criminalité.
Il s’agissait d’une tentative d’attaquer la candidate démocrate sur une question qui motive les électeurs de tendance républicaine ainsi que d’une réaction contre M. Walz, qui, dans son discours de mardi à Philadelphie, a souligné que les crimes violents avaient été plus nombreux sous la présidence de Donald Trump.
« Nous devons démettre Kamala Harris de ses fonctions, pas lui donner une promotion », a déclaré M. Vance mardi, arguant que l’ex-procureure générale de la Californie n’était pas du côté de la police.
Les républicains tentent de présenter le tandem Harris-Walz comme trop « libéral » pour le Midwest. Le sénateur du Wisconsin Ron Johnson a déclaré lors d’une conférence téléphonique que M. Walz faisait « partie de la gauche radicale et folle, tout comme la vice-présidente Harris ».
Mais l’enthousiasme démocrate s’est accru depuis que Mme Harris a annoncé sa candidature et qu’elle a choisi M. Walz comme colistier.
Cette conjoncture favorable pourrait être déterminante à Detroit, qui compte près de 80 % de Noirs, et où les dirigeants ont averti pendant des mois les instances démocrates que l’apathie des électeurs pourrait leur coûter cher dans une ville qui est généralement un château fort.
Le révérend Wendell Anthony, président de la section de Detroit de l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (NAACP), soutient que l’enthousiasme qui règne actuellement dans la ville est « époustouflant ». Il l’a comparé à la première campagne présidentielle de Barack Obama en 2008, lorsque les électeurs faisaient la queue pour contribuer à faire élire le premier président noir des États-Unis.
Mais il y a quelques jours encore, certains dirigeants démocrates au Michigan craignaient que le mauvais choix d’un colistier puisse ralentir cet élan et briser une coalition qui n’a que récemment commencé à s’unifier.
Les leaders arabes américains, qui détiennent une influence significative au Michigan en raison de leur forte présence dans la région métropolitaine de Detroit, avaient exprimé ouvertement leur opposition à M. Shapiro en raison de ses commentaires passés concernant le conflit israélo-palestinien.
Ces dirigeants ont souligné surtout un commentaire qu’il avait fait plus tôt cette année concernant les manifestations sur les campus universitaires, qui, selon eux, comparait injustement les actions des manifestants à celles des suprémacistes blancs. M. Shapiro, qui est juif, a critiqué le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou tout en restant un fervent partisan d’Israël.
En plus d’exprimer publiquement leurs préoccupations, ces dirigeants arabes américains ont également fait part de leurs sentiments en privé à la Maison-Blanche et à l’équipe de Mme Harris.
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