L'actuel chef de l'armée, le général Waker-uz-Zaman, a annoncé la démission de Sheikh Hasina, qui a quitté le pays. Des discussions sont en cours pour former un gouvernement intérimaire, a-t-il ajouté.
FRANCE 24
Au lendemain d'une journée sanglante au cours de laquelle des affrontements ont fait au moins 94 morts à travers le pays, des milliers de manifestants antigouvernementaux ont pris d'assaut le palais de la Première ministre lundi 5 août à Dacca, la capitale du Bangladesh, selon la télévision. Au moins 56 autres personnes y sont mortes lundi, selon la police et les hôpitaux.
44 morts ont été transportés à l'hôpital universitaire de Dacca, a indiqué un correspondant de l'AFP, précisant que tous avaient été blessés par balle. Selon la police, 11 autres personnes ont été tuées dans la capitale et une autre dans la ville portuaire de Chittagong.
Sur des images diffusées par la chaîne bangladaise Channel 24, on voit une foule de personnes en train de rentrer dans la résidence de Sheikh Hasina et de saluer la caméra.
L'actuel chef de l'armée, le général Waker-uz-Zaman, a annoncé la démission de Sheikh Hasina. Des discussions sont en cours pour former un gouvernement intérimaire, a-t-il ajouté.
Combien de temps pourrait prendre la formation d'un nouveau gouvernement ?
La primera ministra de Bangladesh, Sheikh Hasina, muestra su papeleta electoral mientras deposita su voto en Daca, Bangladesh, el domingo 7 de enero de 2024.04:33
La primera ministra de Bangladesh, Sheikh Hasina, muestra su papeleta electoral mientras deposita su voto en Daca, Bangladesh, el domingo 7 de enero de 2024. AP - Altaf Qadri
Le même jour, l'Union européenne a jugé "essentiel qu'une transition ordonnée et pacifique vers un gouvernement démocratiquement élu soit assurée" au Bangladesh. Londres, de son côté, a appelé au retour au "calme" et à la "désescalade"
Un vaste dispositif de sécurité avait été déployé à Dacca, où les rues conduisant au bureau de la Première ministre avaient été barricadées par la police et l'armée avec du fil barbelé.
Au moins 300 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations en juillet, selon un bilan de l'AFP à partir de données de la police, de responsable et de sources hospitalières.
Couvre-feu jusque mardi, internet coupé
L'internet était coupé depuis la matinée, mais le couvre-feu mis en place sera levé mardi matin, où rouvriront les écoles et les commerces, a annoncé l'armée.
Pour la seule journée de dimanche, les heurts entre opposants à Sheikh Hasina, forces de l'ordre et partisans du parti au pouvoir avaient fait au moins 94 morts dans tout le pays.
C'est le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations antigouvernementales il y a un mois dans ce pays musulman de 170 millions d'habitants où les étudiants contestent, sur fond de chômage aigu des diplômés, les faveurs dont bénéficient les proches du pouvoir pour devenir fonctionnaires.
Parmi les morts figurent au moins 14 policiers, selon le porte-parole de la police, Kamrul Ahsan. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâton et de couteau et les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles. Un commissariat à Enayetpour (nord-est) a été pris d'assaut et 11 policiers tués, selon la police.
Dacca transformé "en champ de bataille"
Tout Dacca s'est transformé "en champ de bataille" et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d'un hôpital, selon une autre source policière.
Des manifestants ont été vus en train d'escalader une statue du père de Sheikh Hasina, le fondateur du Bangladesh Sheikh Mujibur Rahman, tentant de la démolir à coup de marteaux.
À Dacca, des coups de feu et détonations répétées ont été entendus après la tombée de la nuit alors que des manifestants bravaient le couvre-feu.
Plus tôt dans la journée, des milliers de Bangladais s'étaient rassemblés sur une place de Dacca pour exiger la démission de Sheikh Hasina. Ils répondaient à l'appel du collectif étudiant Students Against Discrimination ("Étudiants contre les discriminations") qui avait exhorté la veille à la désobéissance civile.
Les militaires et le président aux côtés du peuple
Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir il y a 15 ans de Sheikh Hasina.
D'anciens officiers militaires ont depuis apporté leur soutien aux contestataires. Dans une prise de position hautement symbolique contre la Première ministre, un ancien chef de l'armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, et plusieurs autres ex-officiers supérieurs ont appelé au retrait des troupes de la rue, en soulignant que les gens n'avaient "plus peur de sacrifier leur vie".
Dans plusieurs cas, des soldats et des policiers ne sont d'ailleurs pas intervenus contre les protestataires, contrairement au mois dernier. "Ceux qui sont responsables d'avoir poussé les habitants de ce pays dans un état de misère aussi extrême devront être traduits en justice", a aussi estimé Ikbal Karim Bhuiyan.
Le président du Bangladesh, Mohammed Shahabuddin a lui aussi pris parti pour les manifestants. Le chef de l'État a ordonné lundi la libération de l'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition Khaleda Zia, ainsi que des personnes arrêtées lors des manifestations, quelques heures après la fuite de la Première ministre Sheikh Hasina.
Une réunion dirigée par Mohammed Shahabuddin a "décidé à l'unanimité de libérer immédiatement la présidente du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), Begum Khaleda Zia", et de "toutes les personnes arrêtées lors des manifestations d'étudiants", selon un communiqué publié par les services du chef de l'État.
"Vivre librement"
Le pays compte de nombreux diplômés au chômage, et les étudiants exigent l'abolition d'un système de discrimination positive qui réserve un quota d'emplois publics aux familles des vétérans de l'indépendance.
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