La contestation étudiante ne faiblit pas au Bangladesh où un appel à une journée morte a été très suivi jeudi dans la capitale Dacca avant de nouvelles manifestations et des affrontements dans le pays, qui ont fait au moins 32 morts en trois jours. Des manifestants ont mis le feu au siège de la principale chaîne de télévision publique du Bangladesh, BTV, et de "nombreuses personnes" ont été prises au piège à l'intérieur des bureaux, a indiqué la chaîne. |
France 24
La pression ne redescend pas. Les affrontements au Bangladesh entre les forces de l'ordre et les étudiants, qui manifestent contre un système de quotas d'embauche dans la fonction publique, ont fait 32 morts, dont un journaliste, selon un nouveau bilan établi jeudi 18 juillet, jour où le siège de la télévision d'État a été incendié.
Des centaines de manifestants ont débordé la police anti-émeute qui leur avait tiré dessus avec des balles en caoutchouc et ont pourchassé les policiers qui se sont réfugiés au siège de la chaîne BTV à Dacca, la capitale.
La foule en colère a ensuite incendié le bâtiment d'accueil de la chaîne et des dizaines de véhicules garés à l'extérieur, a déclaré à l'AFP un responsable de BTV sous couvert d'anonymat.
"De nombreuses personnes sont coincées à l'intérieur", a déclaré la chaîne ajoutant que "l'incendie catastrophique" se propageait rapidement.
Le gouvernement, qui avait ordonné en début de semaine la fermeture sine die des écoles et des universités, a intensifié ses efforts pour faire face à des semaines de manifestation réclamant l'égalité d'accès aux emplois du secteur public.
La Première ministre Sheikh Hasina a condamné mercredi le "meurtre" des manifestants dans un discours télévisé et a promis que les responsables seraient punis quelle que soit leur affiliation politique.
Mais ceci n'a pas suffi. La violence s'est aggravée alors que la police tentait à nouveau de disperser les manifestations avec des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes.
Au moins 25 personnes, dont un journaliste, ont été tuées jeudi, en plus des sept morts signalés plus tôt dans la semaine, selon un décompte des hôpitaux établi par l'AFP, avec des centaines de blessés supplémentaires.
Les armes "non létales" de la police sont à l'origine de plus des deux tiers de ces décès, selon les descriptions fournies à l'AFP par les hôpitaux.
De nouveaux affrontements ont éclaté dans plusieurs villes alors que la police anti-émeute chargeait les manifestants, qui ont entamé une série de barrages humains sur les routes et les autoroutes.
La police a blessé des dizaines d'étudiants en tirant des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes sur une foule de plus de mille personnes rassemblées dans la plus grande université privée à Dacca.
L'Université canadienne, théâtre de violents affrontements
Des hélicoptères ont secouru jeudi 60 policiers coincés sur le toit d'un campus de l'Université canadienne, théâtre de violents affrontements dans la capitale, a indiqué dans un communiqué le Bataillon d'action rapide.
Les dépouilles de trois étudiants et d'un chauffeur de pousse-pousse ont été transportées dans un hôpital de Dacca. "Ils ont été blessés par des balles en caoutchouc", a déclaré à l'AFP la directrice adjointe de l'hôpital Kuwait Moitri, Mahfuz Ara Begum. "Plus de 150 étudiants sont également soignés ici. La plupart ont été touchés par des balles en caoutchouc aux yeux", a-t-elle ajouté.
D'autres hôpitaux ont fait état auprès de l'AFP d'un total de sept autres décès jeudi dont cinq à Dacca et deux dans les villes voisines. Sept autres personnes ont été tuées en début de semaine.
Le mouvement entamé le 1er juillet par un blocage des principaux axes routiers et ferroviaires, a dégénéré en heurts meurtriers entre les étudiants d'un côté, les forces de l'ordre ou les partisans du pouvoir de l'autre.
Les habitants ont signalé jeudi des coupures d'internet mobile dans tout le pays, deux jours après que les fournisseurs d'internet ont coupé l'accès à Facebook, la principale plateforme d'organisation de la campagne de protestation.
Le ministre adjoint des Télécommunications, Zunaid Ahmed Palak, a déclaré à l'AFP que le gouvernement avait ordonné la coupure du réseau. Selon lui, les réseaux sociaux avaient été "transformés en une arme pour propager des rumeurs, des mensonges et de la désinformation", obligeant le gouvernement à en restreindre l'accès.
Recours à la "force illégale"
Parallèlement à la répression policière, les manifestants et les étudiants alliés à la Ligue Awami au pouvoir de la Première ministre, se sont également affrontés dans les rues à coups de briques et de tiges de bambou.
Sheikh Hasina n'a pas attribué la responsabilité de ces décès, mais les descriptions des autorités hospitalières et des étudiants suggèrent qu'au moins certaines de ces victimes sont mortes lorsque la police a utilisé des armes dites non létales.
Amnesty International a déclaré que des preuves vidéo des affrontements de cette semaine montraient que les forces de sécurité bangladaises avaient eu recours à la force illégale.
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