L'ex première dame Martine Moïse.
La justice haïtienne a inculpé des dizaines de personnes pour leur implication dans l'assassinat du président Jovenel Moise en 2021, dont son épouse Martine Moise et ancien Premier ministre Claude Joseph.
Moise, 53 ans, a été abattu à son domicile le 7 juillet 2021 par un commando de plus de 20 personnes, pour la plupart des mercenaires colombiens, sans l'intervention de ses gardes du corps. Martine Moïse a également été blessée.
Selon une ordonnance attribuée au juge chargé de l'enquête sur l'assassinat et divulguée aux médias lundi soir, la veuve de Moise et 50 autres personnes ont été déférées au tribunal correctionnel "pour être jugées" pour les faits.
Le texte précise qu'ils sont accusés « d'association de malfaiteurs, de vols à main armée, de terrorisme, d'assassinat et de complicité d'assassinat ».
Le document ajoute que "les indices de l'implication de l'ancienne première dame... sont suffisants" pour l'accuser et ajoute que ses déclarations étaient "tellement entachées de contradictions qu'elles laissent beaucoup à désirer et la discréditent".
Le rapport de 122 pages comprend une partie de son témoignage explicite, dans lequel la femme raconte comment, tout en « perdant beaucoup de sang » et étant laissée pour morte sur le sol de la chambre du couple, elle a murmuré au président qu'elle essaierait de obtenir de l'aide médicale, pour se rendre compte qu'il était déjà mort.
Il énumère également certains des problèmes que le juge a déclaré que son témoignage avait soulevés, y compris son affirmation selon laquelle il aurait tenté de se cacher sous le lit. L'ordonnance précise que "de la manière dont ce meuble est fabriqué, même un rat géant... mesurant entre 35 et 45 centimètres ne peut pas s'y cacher".
Dans une lettre adressée au parquet de Port-au-Prince, Emmanuel Janty, l'avocat de Martine Moise, a exigé que l'accusation soit publiée sur les réseaux sociaux avant de notifier officiellement à la veuve les charges retenues contre elle, estimant qu'il s'agit d'une violation des procédures régulières, et Il a mis en doute la véracité de l'ordonnance.
L'acte d'accusation "manque les éléments essentiels de légalité et d'authenticité, comme la signature du juge d'instruction et le sceau de son bureau", écrit Janty dans la lettre datée de lundi.
L'ordonnance du juge instructeur divulgué pointe également du doigt l'ancien Premier ministre par intérim Claude Joseph et l'ancien directeur de la police Léon Charles, qui disposent de "preuves suffisantes" les liant au meurtre.
AUTEURS INTELLECTUELS À IDENTIFIER
Le rapport n'identifie cependant pas les auteurs intellectuels de l'assassinat, ni qui pourrait le financer. Aucune des personnes citées dans l’acte d’accusation n’a immédiatement réagi publiquement.
L'Haïtien-Américain Joseph Vincent a été condamné début février par un tribunal de Miami, aux États-Unis, à la prison à vie pour sa participation au meurtre.
La justice américaine a engagé des poursuites contre 11 personnes accusées d'avoir participé à l'attaque, soulignant que le complot visant à tuer Moise avait été ourdi en Floride. Quatre d'entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, dont Vincent.
Haïti traverse une grave crise politique, humanitaire et sécuritaire, avec des gangs armés contrôlant des pans entiers du pays tandis que les homicides ont plus que doublé l'année dernière, pour atteindre près de 4 800, selon un rapport de l'ONU publié ce mois-ci.
Plus de 1 100 personnes ont été tuées, blessées ou kidnappées rien qu'en janvier, ce qui en fait le mois le plus violent qu'ait connu le pays en deux ans de conflit, selon les Nations Unies.
L'assassinat de Moise a aggravé le chaos dans le pays, où aucune élection n'a eu lieu et où le défunt président n'a pas été remplacé.
Radio Télé Vitamine