l'Institut National pour la Défense des Droits Économiques Sociaux et Culturels (INDDESC) dénonce la situation catastrophique relative aux violations gravissimes des Droits Humains: cas des haitiens vivant en Haïti et en République Dominicaine
Nous sommes arrivés à un carrefour où la vie humaine et les biens sont soumis au bon vouloir des bandits lourdement armés. La grande majorité de la population haïtienne fait face à toutes sortes de violences physiques, symboliques et psychologiques. Beaucoup de nos Haïtiennes et haïtiens, dépourvus de tout, vivent dans l'humiliation totale et dans la faim aiguë sur la place de Hugo Chávez, sauvés de justesse pour s'échapper aux actes des gangs armés.
Pourtant, la justice devient de plus en plus impuissante et défaillante devant les actes de violence ici et là. La population est délaissée. Elle est aux abois. Elle ne sait à quel Saint se vouer pour fuir la terreur des gangs ainsi que la pauvreté monétaire et multidimensionnelle qui obstrue son bien-être. L'Institut National pour la Défense des Droits Économiques Sociaux et Culturels (INDDESC) qualifie de complot et d'égocentrisme les comportements irresponsables des autorités de l'État qui nient les situations pitoyables du peuple haitien.
Actuellement en Haïti, nous sommes en train de vivre une crise chronique et multidimensionnelle sans précédente. Les violations et les atteintes aux droits humains sont tellement récurrentes qu'elles sont devenues la grande mode. Le peuple est dans le dessein de survivance. Qu'en est-il de l'article 26 de la convention américaine relative aux Droits de l'Homme ?
La vulnérabilité socio-économique et l'insécurité grandissante du pays sont quelques traits qui dessinent la réalité de la grande majorité des Haïtiens. L'Etat haïtien viole les droits fondamentaux des haïtiens autant que les autres États étrangers qui procèdent à leur déportation légale ou illégale : le cas de la République dominicaine.
La situation des Haïtiens en République Dominicaine est extrêmement alarmante. D'après la Direction générale des migrants de la République Dominicaine, plus de 57 000 haïtiens ont été déportés de janvier 2022 à septembre 2022, soit une augmentation de 23% par rapport à l'année dernière. En dépit de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui consacre le droit de quitter son pays (art. 13 DUDH), et de l’adoption de nombreux textes qui sont censés protéger leurs droits et leur dignité, les migrants haïtiens en République dominicaine sont souvent victimes de discriminations, de refoulement, de trafic d’êtres humains et de violences. D’après le Bureau dominicain des statistiques, plus de 450 000 ressortissants haïtiens vivent en République dominicaine dans des conditions de grande vulnérabilité et exposés à de très mauvais traitements.
Et selon les données de l'Institut National de la Migration de la République Dominicaine (INM) et de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les migrants haïtiens en 2020, représentent 28% des travailleurs dans le secteur de l'agriculture et 29% dans le secteur de la construction. En fait, les haïtiens occupent des emplois que les Dominicains refusent de faire surtout sans contrat, sans avantages sociaux et hors des prescrits de l'OIT.
Pour l'INDDESC, il semble que le fait d'être haïtien constitue un fardeau très lourd.
Enfin, tenant compte des principes consacrés par les instruments de base des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme, en particulier la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Convention relative aux droits de l'enfant et la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. À cet effet, nous demandons à l'État haïtien de prendre les mesures diplomatiques nécessaires pour faire respecter et protéger les droit précités à l'égard des migrants haïtiens et d'agir illico presto pour amoindrir jusqu'à résoudre les problèmes de l'insécurité et du chômage tout en trouvant une solution rationnelle afin de stopper cette déportation qui se fait en dehors de la dignité humaine et avec la plus grande brutalité. C'est catastrophique pour les droits humains. C'en est assez!
Frédo Jean Charles, président de l'INDDESC